Après l'Infernale des Vosges l'année dernière, cette année, l'Xtraordinaire Team avait lancé son dévolu sur l'Ultra Trail des 4 Massifs (UT4M) qui se déroulait fin aout autour de Grenoble.
Au programme pour Flo et Yann: 165 km et 10 000 D+ et pour Cécile et moi 85 km et 5000 D+....en théorie.
Nous sommes arrivés sur Grenoble dans la nuit du mercredi au jeudi après avoir récupéré Yann, notre breton, à l'aéroport de Lyon. Il avait eu le temps de le faire en long et en large car son avion était arrivé 8h avant nous !!!
C'est donc à 5 que nous débarquons en pleine nuit dans notre appart' hotel prévu pour 4...mais rien de tel pour renforcer la cohésion qui nous unie déjà.
Après un bonne nuit, nous profitons de la journée pour organiser un peu notre séjour. Prévoir les repas en fonction des coureurs en course ou pas, rdv sur les ravitos....
C'est aussi l'occasion pour nous de rencontrer Clément et Benoit de Raidlight. Nous en profitons pour prendre la pose lors de la remise du prix de la communauté la plus représentée sur les différentes courses proposées que nous avons remporté.
Clément est aussi sympa que je l'imaginais à travers nos échanges par mail. Et que dire de Benoit, le fondateur de cette marque. Il est l'incarnation de la philosophie de Raidlight : malgré son palmarès , il reste discret et abordable, tjrs à l'écoute des trailers . C'est aussi pour ça que je suis un fervent défenseur de cette marque et heureux de faire partie de son team.
Le retrait de dossard des 160km est aussi pour moi l'occasion de croiser Jérôme, un autre membre du team.
Après un aller/retour en urgence à l'appart pour récupérer les sacs "bivouac" de Flo et Yann pour les déposer avant la barrière horaire, il faut aller acheter un nouveau matelas pour Yann qui a trouvé le moyen de crever celui que j'avais ramené.
20h, il est temps d'aller profiter de la pasta party et de rentrer car le départ de nos courageux trailers est prévu pour le lendemain 8h.
Vendredi 5h30, le réveil sonne pour Flo et Yann. Vu la promiscuité, c'est l'ensemble de l'appart qui est réveillé du coup.
Nous arrivons sur l'aire de départ vers 7h30 pour retrouver d'autres membres du team. Le temps de faire une petite photo pour l'association Xtraordinaire et il est temps pour les coureurs de se placer dans le sas.
8h, le départ est donné sous un beau soleil. C'est parti pour 165 km et surement 35 à 40 h de balade pour Yann et Flo.
Nous retournons à l'appart pour finaliser 2-3 trucs et prévoir le repas du midi que nous prendrons en attendant les gars au ravito de Vif Km41.
Grâce aux puces des dossards, les passages aux différents pointages sont dispo en temps réel; c'est vraiment sympa. Nous arrivons vers 12h à Vif, cela nous laisse le temps de pique niquer au soleil en attendant nos 2 bolides.
Ils arrivent vers 14h30. Ils viennent d'en finir avec le massif du Vercors et ont eu bien chaud dans la montée. Le temps de les ravitailler et d'échanger quelques mots et il est déjà temps de nous séparer de nouveau. Eux partent pour le massif du Taillefert, nous vers Laffrey et son lac pour espérer les voir au Km 55.
Ce sera peine perdu car nous sommes obligés de quitter les lieux afin de récupérer nos dossards avant leur passage. Nous aurons malgré tout pris le temps de profiter de la beauté des lieux et du lac.
C'est donc maintenant à notre tour de penser à notre course. Après le retrait de nos dossards, le brieffing et le passage par la case pasta party, il est temps de rentrer à l'appart. Du coup à 3, il nous parait beaucoup plus spacieux !
Le départ étant prévu à 10h, nous avons le droit à une vrai nuit et ça c'est vraiment sympa. Par contre, mauvaise nouvelle, les gars ont abandonné dans la nuit au Km 94. Ils ont été pris de vomissement et ont donc sagement décidé de ne pas en faire endurer encore plus à leur corps.
Cécile a le moral dans les chaussettes, moi je suis déjà dans ma course depuis la veille. Je ne m'en rend pas forcément compte, mais Isa a bien repéré mon changement d'attitude. Elle me connait et me laisse dans ma bulle, faisant de son mieux pour m'aider.
Une fois encore, elle joue à merveille son rôle d'assistante de luxe pour toute notre petite bande, puisqu'elle va s'occuper de récupérer les gars dès que nous serons en course.
Nous nous dirigeons donc vers Rioupéroux.
Cette base de vie est des plus spartiate. J'imagine Flo et Yann y arrivant en pleine nuit, après avec une descente terrible et 80 km et 5000 D+, et n'y trouvant que peu de réconfort au final.
Pas facile de repartir pour 85 km de plus. Mais ils l'ont fait, même si l'échéance ne fut reportée que de quelques km.
En attendant le départ, nous rencontrons Pierre en plein échauffement, un bolide normand qui me parait vraiment très en forme (il finira 3ème !!!)
Le temps de prendre une photo, d'échanger qq mots avec Isa et de lui donner rdv à Freydière Km25 et nous partons pour une belle ballade de 15 à 20h je pense.
Après avoir étiré un peu le peloton en faisant le tour du village, nous attaquons dans le vif du sujet avec 1900 D+ sur 9km.
Je suis vraiment bien. Grâce aux bâtons, je monte comme un vrai cabri (pour reprendre les termes de Cécile).
Par contre, pour elle ce n'est pas la joie. Ce démarrage ne lui convient pas du tout. Elle n'avance pas, n'arrive pas à respirer. Je l'attends en laissant les autres concurrents nous doubler, mais je suis inquiet pour le reste de la course.
En arrivant sur le plateau de l'Arselle, cela grimpe moins. Mais ma gauloise ne va pas vraiment mieux. Nous sommes surement les derniers maintenant, mais ma priorité est de savoir si Cécile sera capable continuer. Et ça, ce n'est pas gagné. Son visage est marqué et que dire de sa respiration et de sa quinte de toux...pas rassurant tout ça.
Nous arrivons à la Croix Chamrousse ( km 9) au bout de 3h30. Et ce n'est pas le brouillard qui va nous mettre du baume au cœur... dommage pour la vue.
Nous profitons du ravito pour prendre une soupe qui nous fait le plus grand bien, mais Cécile n'ira pas plus loin. Je suis partagé : déçu de ne pas pouvoir faire course commune avec elle comme c'était prévu, mais rassuré au vu de son état de santé.
C'est donc seul que je repars dans le brouillard direction le refuge de la Pra.
Le brouillard rend l'atmosphère particulière et laisse deviner la beauté des lieux quand le soleil brille. Pour ma 1ère fois si haut en montagne, je suis vraiment conquis.
Je suis toujours aussi bien et commence à revenir sur des concurrents dont certains qui sont sur le 165 km. C'est accompagné du sifflement des marmottes et des cloches des troupeaux d'alpage que j'approche du refuge. Cette année, le troupeau ont été déplacé, je n'ai donc pas la chance de croiser les fameux patous. Quoique, vu le comportement de ces bestioles, c'est peut être aussi bien.
Le chalet est enfin en vu, juste qq rochers à escalader et ça sera bon...pas si facile que ça au final, vu que j'accroche une de mes chaussures sous un rocher et déchire le dessus d'un de mes si beaux souliers. Heureusement pas trop de mal, la chaussette n'est pas visible et un bout d'elasto devrait me permettre de finir les 70 km restants.
Isa, en bonne assistante, prend régulièrement de mes nouvelles tout en suivant mes temps de passage. Grâce à un petit outil de simulation de temps passage mis à dispo par l'orga, elle a une bonne idée de ma progression. C'est vraiment pratique pour se donner rendez vous à un ravito.
Dans le dernier raidillon de cette première moitié de parcours (un grimpette bien supérieure à 15% dans un pierrier) je recolle un groupe qui était devant moi au départ...C'est cool ça prouve que je reviens sur les coureurs du 90 alors que jusqu'à présent je ne faisais que doubler des gars du 160.
Nous faisons la descente ensemble vers Freydières (Km25). Isa devrait être au rendez vous, c'est cool.
En me voyant arriver, elle est un peu surprise car l'orga lui avait annoncé que j'étais déjà passé. Avec Yann et Flo, ils avaient décidé d'attendre Cécile qui, à ma grande surprise, avait repris sa course après mon départ. Je râle un peu, si j'avais su je l'aurai attendu, mais Flo me dit que j'ai bien fait et qu'elle va surement abandonner ici ou au prochain ravito.
Cela fait déjà 7h30 que je suis en course, je suis 175ème.
On échange qq mots, j'en profite pour refaire le plein de ravito, car Isa, en bonne assistante, a mon sac perso avec elle. Allez, il est temps de repartir pour St Nazaire, 15 km plus loin, sur une portion sans difficulté avec une grande partie de route.
Ces 15 km n'ont vraiment aucun intérêt comparé aux superbes paysages qui se sont offerts à nous jusqu'à présent, mais bon, il faut bien rejoindre le massif de la Chartreuse.
J'arrive à St Nazaire vers 19h30. Il m'aura fallu un peu moins de 2h pour effectuer cette portion. C'est le dernier ravito ou je pourrai voir Isa et les gars. C'est aussi le dernier ravito avant d'attaquer la 2ème moitié du parcours qui se fera quasi que de nuit.
J'en profite pour bien me restaurer avec une petite soupe et quelques cuillerées de pâtes. J'en profite aussi pour me changer, histoire de pouvoir affronter le froid de la nuit sereinement. Au final c'est au bout de 30' que je repars...une éternité sur une course classique, mais rien d'exceptionnel sur un ultra. On est vraiment dans un autre monde.
Un dernier bisous et il est temps de prendre la route pour encore une bonne dizaine d'heure de balade.
On commence par 12 km et 1400 D+ pour se mettre en jambe. A partir de ce moment, je ne serais plus jamais seul en course. En débutant cette grimpette, je rejoins Christine et Jérôme, un couple de locaux. Une rencontre comme je les aime. Partager un même effort crée des liens et c'est sans réellement nous concerter que nous décidons de faire course commune à la lueur de nos frontales.
Il nous faudra 3h30 pour avaler cette 1ère partie, jusqu'à Habert de Chamechaude. Je sais qu'il nous reste encore un peu de dénivelé à gravir pour atteindre le sommet de Chamechaude. Cette dernière partie est un A/R quasiment jusqu'au somment.
D'en bas on ne voit que les points lumineux des frontales qui nous laisse deviner en pointillés le chemin qui serpente jusqu'à un pointage. Encore une belle grimpette. Il nous faudra 1h pour faire cette boucle.
Maintenant le plus gros est derrière nous. Comme convenu, j'envoie un message à Isa pour la rassurer un peu et lui souhaiter une bonne nuit.
Le reste de la balade se fera en marchant... mais d'un bon pas. C'est le rythme de Christine et Jérôme, du coup je me calle dessus.
Les ravitos s'enchainent, nous rencontrons de plus de coureurs du 160 en train de dormir (certains à même le sol au bord du chemin), mais pour nous, pas question, il faudra attendre de passer l'arrivée.
Nous arrivons au col de Vence au petit matin, il nous reste 11 km avec un passage par la Bastille (un fort militaire du XIXe siècle qui surplombe Grenoble).
Avec l'arrivé du jour, la fin de la course s'annonce. Grenoble est à nos pieds. Nous traversons la Bastille et descendons les 2-3 km de route qui serpentent jusqu'à la ville. J'ai l'impression que cela nous prend une éternité. J'ai hâte d'arriver et j'ai vraiment envie de me mettre à courir car mes jambes me semblent encore avoir du jus, mais je n'ose pas abandonner mes partenaires d'une nuit.
Nous arrivons enfin en ville. Sur l'impulsion de 2 gars du 160 qui finissent la course avec nous, nous nous mettons enfin à courir : yes !!!!
Il me reste vraiment du jus, on ne dirait pas que j'ai 80 km et plusieurs dizaines d'heure dans les pattes. Il doit nous rester 1 km ou 2, j'annonce à Isa mon arrivée toute proche. Elle m'annonce à son tour que mon fidèle Flo est en route pour me rejoindre et finir la balade avec moi.
Malgré le peu de monde présent à cette heure (il est aux alentours de 8h), c'est sous les applaudissements que je passe la ligne d'arrivée en arborant fièrement avec Flo, la banderole de l'association Xtraordinaire. Etant le dernier de notre groupe en course, il me tenait vraiment à cœur de finir pour qu'elle aussi puisse franchir cette ligne d'arrivée tant désirée.
C'est en 125ème position (sur 269 inscrits) que je finis le 85km et 5000 D+ de l'UT4M 90. Après un peu plus de 22h, je peux enfin prendre Isa dans mes bras et poser mon sac. Je suis heureux, j'ai fini et je ne suis ni trop cassé ni trop fatigué...même si je sais que la douche et les kinés vont me faire le plus grand bien.
Le bilan est "globalement positif" (pour reprendre une expression chère à notre breton), mais je suis un peu déçu d'avoir fait la moitié de la course de nuit. Par contre, je suis super content d'avoir pu aller au bout de ce nouveau challenge.
Sur un plan humain, ce fût vraiment sympa : j'ai enfin pu rencontrer Benoit et Clément, j'ai découvert Jérôme et partagé des bons moments avec Christine et Jérôme.
Mais cette aventure ne serait pas ce quelle est sans toute notre petite bande :
- Flo et Yann, merci pour les tranches de rigolade mais aussi de stress que vous m'avez généreusement offerts. Mais vous étiez là pour mon finish, alors je vous pardonne;
- Cécile, merci pour le bout de chemin, bien que trop court, que nous avons fait ensemble;
- Merci aussi à toi Denis, toi le bourguignon qui nous distille sa sagesse et ses conseils et tente aussi, avec plus ou moins de succès, de canaliser nos 2 bolides;
- Et bien sûr, un énorme merci, même si ce mot me semble bien faible, pour Isa, mon assistante de l'ombre qui sait être là aux ravitos, à mes petits soins quelque soit la situation et ce, même quand je suis dans ma bulle ou fermé comme une huitre . Merci pour ton soutien indéfectible.
Après quelques jours de récup, il faudra se remettre en selle et réfléchir à notre prochaine aventure commune...mais pour cela il faudra attendre 2015 !!!
@ bientôt pour la suite de nos aventures...